Imasque

Dans la catégorie: Geekeries — kwyxz le 25/07/12 à 19:03

Ce post a éte mis à jour le 31 juillet 2018. Pour lire directement la mise à jour cliquez ici.

Présenté pour la première fois au public en 1970, l’IMAX est un format de pellicule de 70mm plus grand que ses prédécesseurs. Chaque image fait 69,6 mm x 48,5 mm, ce qui n’est évidemment pas sans inconvénients d’un simple point de vue pratique : un film d’une heure trente nécessitant ainsi plus de 22km de pellicule. Il suffit de voir un projecteur IMAX et ses imposants plateaux pour comprendre qu’un tel équipement est coûteux pour l’exploitant, en plus d’être fragile. Afin de proposer une image d’une stabilité inégalée, le défilement se fait à l’horizontale ce qui permet de n’induire aucun décalage de hauteur. Bien évidemment avec une telle taille de pellicule, l’image est d’une netteté exceptionnelle et peut ainsi être projetée sur des écrans surdimensionnés de 22m × 16m au moins (c’est le format standard d’un écran IMAX, mais certains sont plus grands).

Le site LFExaminer recense les cinémas proposant l’expérience IMAX, et permet ainsi de lister les cinémas dans lesquels il est actuellement possible de regarder The Dark Knight Rises en IMAX.

Là, si vous n’avez pas suivi ce qui a été expliqué sur Twitter, vous allez tiquer : non, il n’y a aucun cinéma français dans cette liste. En effet aucun cinéma français ne dispose d’un projecteur IMAX 15/70 et ce depuis 2010, date de remplacement du seul du secteur (celui de Disney Village). Les seuls vrais projos IMAX 15/70 de France sont au Futuroscope, à la Géode, et à la Cité de l’Espace, qui ne diffusent tous que des documentaires. Pourtant de nombreux cinémas proposent des séances IMAX ! Comment est-ce possible ?

Tout simplement parce qu’en raison des coûts monumentaux impliqués par l’usage de ces projecteurs, la société IMAX a développé depuis 2008 une techno nommée “Digital IMAX”. Plutôt que d’utiliser des kilomètres de bobine, le film est proposé au format numérique (le standard actuel) et désormais projeté par deux projos Christie 2K tout ce qu’il y a de plus classiques. Ce sont par exemple ces projos qui ont remplacé le projecteur 15/70 du Disney Village. Le principal inconvénient est que ce “rebranding” d’IMAX n’impose plus la taille d’écran originelle : de nombreux cinémas ne disposent ainsi que d’un écran aux dimensions plus modestes, comme le Carré de Soie à Lyon par exemple (17,90m × 9,88m) – on trouvera les dimensions de ces écrans par exemple sur Wikipedia. Un autre désagrément est une résolution bien moindre à celle d’un film en réel IMAX, estimée théoriquement à 12,000 × 8,700 pixels ou 6,120 × 4,500 pixels discernables (27 megapixels), contre 2048 × 1080 pour un projo 2K classique. L’utilisation de deux projos 2K ne permet pas d’atteindre la même qualité d’image qu’un projecteur numérique 4K. Pour donner une idée, c’est un peu comme regarder un DVD sur un écran HD.

Depuis son introduction, le “Digital IMAX” fait hurler les puristes (voir par exemple la réaction du célèbre critique Roger Ebert) qui considèrent qu’il s’agit d’une désinformation du spectateur, lequel, et les réactions à mes twitts l’ont montré, n’a la plupart du temps aucune idée qu’on lui promet de l’IMAX mais lui sert du “Digital IMAX”, aussi appelé “LIEMAX” outre-Atlantique. Une carte Google Maps faisant le point IMAX/LIEMAX est même disponible. Personnellement, j’estime que la faute incombe plus à la société IMAX jouant sur la confusion qu’aux exploitants, mais après c’est à vous de voir.

À l’heure actuelle, les cinémas IMAX de l’hexagone ne sont équipés que de projecteurs 2K, ce qui pourrait évoluer à l’avenir puisqu’IMAX veut faire évoluer sa norme “Digital IMAX” vers le 4K ce qui améliorera déjà bien la résolution de l’image, sans toutefois égaler la qualité d’une image 70mm.

Pour le cinéphile français, tout est donc une question de choix :

  • aller voir le film au ciné du coin et ne même pas se poser la question (la plupart des gens feront ça, et c’est très bien, après tout au moins ils ne se prendront pas la tête)
  • aller voir un film en Digital IMAX afin de profiter (presque) des impressionnantes scènes tournées au format IMAX et donc respecter les choix de cadrage du réalisateur, mais payer un supplément (à priori de 4€) pour une résolution plus faible que le 70mm donc une image pas aussi nette, et une taille d’écran pas forcément démente en fonction de l’endroit (ce qui n’est pas aberrant, vu qu’il faut bien atténuer le flou). Je précise “presque” parce que le ratio entre 70mm et Digital IMAX est encore différent… histoire de faire chier.
  • lui préférer la version normale projetée en 4K, sans le cadrage des scènes IMAX mais disposer d’une qualité d’image supérieure, d’un écran pas forcément beaucoup plus petit (parfois même plus grand que certains “faux” IMAX) et payer le tarif normal.

Étant donné que les films sont parfois projetés dans plusieurs salles, n’hésitez pas à demander laquelle propose du 4K. À Marne-la-Vallée, pour un tarif normal vous pourrez ainsi voir The Dark Knight Rises dans la salle 1 qui dispose d’un écran presque aussi grand que la salle IMAX, sans supplément de coût.

Bref et pour conclure : non, il n’existe malheureusement (et on peut le regretter) aucun cinéma en France proposant l’IMAX pour la diffusion des films traditionnels. Tous proposent du Digital IMAX. Cela pourra avoir l’air d’un pinaillage de pseudo-expert (je suis en effet très loin d’être un spécialiste), mais je pense qu’un bon spectateur est un spectateur avisé, surtout vu le prix d’une place de cinéma de nos jours. Sur ce, bons films.

Mise à jour du 31 juillet 2018 : six ans après la rédaction initiale de ce post, le format “IMAX Laser” est désormais disponible en France. Qu’est-ce que c’est ? Tout simplement le passage du Digital IMAX au format 4K dont je parlais plus haut. Cette montée en définition offre une image bien plus nette et beaucoup moins sujette au crénelage que le Digital IMAX classique. La nouvelle techno apporte également des améliorations sonores, lumineuses et colorimétriques. Elle s’accompagne toutefois d’un nouveau supplément de coût dont la pertinence est donc au libre arbitre du spectateur. Sachez que ce n’est toujours pas de l’IMAX, lequel est malheureusement voué à disparaître partout dans le monde. Même ici, à Los Angeles, berceau de Hollywood, il est désormais strictement impossible de voir des films en IMAX 70mm – alors qu’en 2012 il restait deux cinémas qui le proposaient. La société IMAX a complètement dilué sa marque et joue sur la confusion, avec succès puisque le public continue de n’avoir strictement aucune idée de ce qu’IMAX signifie vraiment… Personnellement j’ai décidé de boycotter ces séances tant que cette escroquerie durera. Chacun ses combats.

J’irai au Paradis car l’Enfer est ici

Dans la catégorie: Watching TV — kwyxz le 4/07/12 à 8:33

Difficile d’écrire sur cet épisode de Strip-Tease parce que je suis encore pas mal chamboulé.

J’ai vu beaucoup de commentateurs indignés s’en prendre aux réalisateurs, producteurs de l’émission, et à mes yeux c’est se tromper de cible que de conspuer le type derrière la caméra. Bien sûr elle n’est pas neutre, sa simple présence influe sur le comportement des personnes filmées, le montage joue sur la perception des images. Mais l’émission se garde bien de porter tout jugement et, en l’absence d’une voix off, le téléspectateur est invité à effectuer lui-même l’analyse de ce qui est montré. Ce n’est pas de la télé-réalité, c’est la réalité ou, tout du moins, ce qui s’en approchera le plus à la télévision.

Le reportage montre une famille rurale comme il en existe plein les campagnes. Papy fait un peu pervers, Mamy a l’air de ne pas calculer que Roxana ne comprend rien à ce qu’elle raconte, et Damien n’a apparemment jamais vu une fille d’aussi près de sa vie. Mais ce qui transparaît chez ces gens, c’est une sincérité débordante. La Roumanie ? Ils ne savent même pas où c’est. Tout ce qu’ils savent, c’est qu’ils la trouvent belle, cette jeune femme. Et ils voient leur Damien fou de joie, c’est tout ce qui leur importe, qu’il l’épouse, qu’ils aient des enfants, qu’ils soient heureux. C’est ça, leur conception du bonheur.

Ces gens ne sont pas des victimes du reportage, ils sont victimes d’une vraie dégueulasse, cette entremetteuse louche dont le prénom “Marguerite” est d’ailleurs fort probablement un pseudonyme. Elle est la complice d’une traite des blanches moderne, elle exploite la crédulité de gens qui à aucun moment n’ont conscience de participer à ce trafic. Lorsque Roxana abandonne la ferme et que Damien tente de se suicider, Marguerite colporte une histoire horrible et invérifiable laissant entendre que finalement la jeune femme a été envoyée en Italie par sa mère, et risque d’y finir comme prostituée. Pour elle, ces femmes ne sont qu’une marchandise facilement interchangeable, elle a d’autres modèles en stock dont elle a déjà étalé les photos devant Damien inconsolable. « Ah, la Roumaine elle a pas tenu le choc ? Bon c’est pas grave, je vous ai mis de la Biélorusse en remplacement, l’autre elle ira faire la pute en Italie ! »

Papy et Mamy ont une réaction d’effroi. Voilà. Ce ne sont pas des monstres. Tout bouseux qu’ils soient, ils sont humains, eux. Rideau.