Guiness book
La connerie humaine vient de battre un nouveau record.
Quand j’étais petit, j’étais relativement normal. Tout du moins, je n’avais pas de jambe de bois ou d’oeil crevé, ou alors la chirurgie n’a laissé aucune trace. Et puis un jour, les ophtalmologues ont décidé que j’étais astygmate. Ne me dîtes pas que ça s’écrit avec un “i” au lieu d’un “y” j’ai cherché les deux orthographies sur le web, j’ai trouvé les deux et je n’ai pas de Larousse Médical sous la main. Et ensuite ils ont décidé que j’étais hypermétrope. Les salauds. Je porte donc des carreaux depuis plus de vingt ans.
Un beau jour, je devais avoir six ans, j’étais chez un ophtalmo pénible et désagréable, le genre grand barbu qui fait peur et qui mange les enfants. Il m’avait proprement jeté sur le fond de son fauteuil, me criait dans les oreilles comme si j’étais sourd, et parlait à ma mère comme si elle était la dernière des abruties. Mon inimitié avec le corps médical a commencé ce jour là.
Ce jour là, je me suis levé sur mes petites jambes et du haut de mes six ans, j’ai collé une tarte au mec. Ça l’a tellement surpris qu’il est tombé en arrière, et qu’il est resté la bouche ouverte comme un con. Et qu’il ne nous a même pas fait payer la consultation. Et ma mère ne m’a même pas engueulé alors que toute la famille a dû changer d’ophtalmo.
Si j’étais normal étant petit, alors mon squelette a décidé que ça n’était pas assez rigolo en l’état, et s’est mis à faire apparaître des excroissances cartilagineuses un peu partout. Par exemple aux coudes, aux poignets, au crâne, et aux pieds. On diraît presque que j’ai deux chevilles, c’est dire. J’étais au lycée, je finissais ma croissance, et ces choses à mes pieds me faisaient horriblement souffrir. Il suffisait que je serre un peu les jambes pour qu’elles rentrent en contact alors que je marchais et me fassent pousser un hurlement.
J’attendais depuis plus d’une heure trente dans la salle d’attente bondée et surchauffée de la clinique du coin, ma mère commençait à se sentir mal à coté de moi, quand enfin le “spécialiste” a accepté de nous voir.
Pour nous expèdier en moins de 5 minutes, avec en substance une conclusion qui disait “revenez dans 6 mois si ça ne va pas mieux nous opèrerons”. Et là, l’hôtesse d’accueil de nous réclamer 180 F. Mini-scandale, ma mère qui était encore dans les vapes qui me dit de me calmer, que ça n’est pas grave, et l’hôtesse de hausser le ton “attendez, c’est un spécialiste, lui“, le “lui” est de trop, je lui assène qu’il n’y a “pas besoin d’être spécialiste pour expèdier quelqu’un en cinq minutes avec un verdict pareil, même vous vous sauriez le faire”, et comme si elle sentait une faille dans son raisonnement, elle hurle un “mais il a fait 15 ans d’études, c’est normal qu’il applique un tarif en conséquence”. Je la regarde tranquillement dans les yeux, et sur un ton condescendant, lui fais remarquer que “s’il a eu besoin de 15 ans pour faire médecine, je comprends mieux pourquoi il est aussi nul”. Et dans un sourire, entraînant ma mère avec moi, je suis parti sans payer.
Nous n’avons jamais remis les pieds dans cette clinique. Quelques semaines plus tard, au Centre Hospitalier, alors que je passais une radio des pieds, l’infirmière dit en riant qu’elle avait elle aussi des excroissances comme ça un peu partout, qu’elle aussi avait eu un peu mal dans sa jeunesse, et que finalement ça ne lui faisait plus rien. Et deux mois plus tard, je n’avais plus mal.
15 ans d’études, mon cul.
Ça y est, ils y sont presque, les GIs vont arriver à Bagdad, dans laquelle on se prépare à livrer une véritable guerre de tranchées. La guerre de l’information continue, avec le cafouillis général qui règne sur la situation à Bassora. D’après les Etats-Unis, une tentative de soulèvement de la population a été réprimée dans le sang par les militaires irakiens. D’après l’Irak, cette histoire de soulèvement n’est que mensonge et tentative de propagande via CNN. Alors, qui croire ? Le journaliste de Al-Jazira, seul journaliste au monde présent sur les lieux n’a rien vu du tout. Al-Jazira, partisanne ou seule chaîne réellement indépendante et objective ? Qui croire ? Une fois de plus la désinformation populaire est en marche.
Un salut amical aux anglais qui ont une nouvelle fois vu deux de leurs soldats mourir sous des “tirs amis”. A ce rythme, l’armée anglaise se sera entièrement sabordée ou faite décimer par l’armée américaine. C’est déplorable et dramatique, mais ça commence à me faire sourire de lire tous les jours que des anglais se font tuer par leurs alliés. Merci Tony.
Les rumeurs d’éxécution de prisonniers américains se font de plus en plus pressantes. Après tout, quel intérêt aurait Saddam Hussein à les traiter correctement ? Une image de dictateur, ça se soigne. C’est pas en respectant les conventions de Genève qu’on devient un tyran.
Au final, il ne reste plus qu’à prier pour que la prise de Bagdad suffise à rétablir la paix dans la région. Malheureusement, rien ne permet d’en être persuadé.
Et pendant ce temps ?
Pendant ce temps, les Tchetchènes se font toujours allègrement piller, torturer, violer par l’armée russe, merci pour eux. Mais ce massacre en règle bizarrement ne passionne pas les foules. Et puis bon, il ne faut pas fâcher Vladimir, alors au pire on lui pose la question au 20h discrètement entre deux banalités.
Pendant ce temps, Nicolas Sarkozy en profite pour faire tourner à plein régime les charters qui renvoient chez eux les sans-papiers. Des Ivoiriens, par exemple. Après tout, il n’y a plus de guerre chez eux, non ? Une seule à la fois, en ce moment c’est l’Irak, et c’est bien plus rigolo que les sempiternelles guerres ethniques africaines, alors circulez !
Je suis calme.
Je suis très calme.
Je fais tout ce que je peux pour rester calme.
Mais je crois que si le téléphone du collègue qui ne cesse de sonner depuis plus de 10 minutes ne s’arrète pas dans les 10 secondes, je vais commettre un homicide.
L’openspace, ça sux.
Je découvre depuis quelques jours les joies de la vie parisienne. Parmi celles-ci, les transports en commun, source de joie inépuisable s’il en est.
Murphy a décidé un jour que c’est pile quand vous êtes pressé parce que vous avez rendez-vous pour un état des lieux qu’il va y avoir un problème sur le RER à La Défense, que le métro est complètement engorgé et que vous êtes obligé de prendre un train de banlieue bondé dans lequel vous crevez de chaud et ruisselez de sueur. Beurk.
J’étais donc bien énervé quand dans le métro est entré ce que l’on appelle communément un “artiste de rue”, muni de son accordéon. Il devait avoir dans les 25 – 30 ans à tout casser. En plein morceau, son attention est détournée par le passage d’une jolie jeune femme, grande, blonde, aux épaules dénudées. Et voilà que notre accordéoniste se dévisse le cou pour la regarder lentement passer derrière lui. Ça le déconcentre tellement qu’il en fait une fausse note et qu’il est complètement perdu dans son morceau.
Pour la peine, je ne lui ai pas donné de sous. Ça lui apprendra à ne pas être à ce qu’il fait. Tsss.
Un nom que l’on a l’habitude d’entendre lorsque les Etats-Unis sont en guerre vient de réapparaître : Vietnam.
Cette intervention américaine en Irak est donc plus compliquée et moins rapide que prévue. Les GIs ne sont décidément pas accueillis comme des libérateurs, bien au contraire. D’après un journaliste de France Inter, même les opposants à Saddam Hussein voient les américains comme des envahisseurs, et font bloc derrière le dictateur.
George W. Bush a toujours été un piètre gestionnaire. Ses entreprises ont toutes coulé les unes après les autres. Cette guerre est l’oeuvre de sa vie : il compte réussir là où son papa, qui l’a toujours aidé tout au long de sa vie, a échoué. Alors si sa guerre devient un nouveau Vietnam, on pourra dire qu’elle aura été dans la continuité du reste de son oeuvre. Les morts en plus.
Les pilotes d’un hélicoptère Apache sont désormais prisonniers des soldats irakiens, ceux-ci affirmant avoir descendu l’appareil. Washington nie et parle de “défaillance technique”. Mais qu’est-ce-qu’on s’en fout, que ça soit une défaillance technique ou que l’hélico se soit fait descendre ? L’important, c’est que deux de leurs hommes sont prisonniers de l’ennemi, non ? Bizarrement, on a l’impression qu’ils n’en ont rien à secouer, tout occupés à nier les affirmations irakiennes.
Terminons avec les anglais qui sont désormais à 54% pour la guerre, alors qu’il y a officiellement plus d’anglais que d’américains morts dans ce conflit. Je crois que je vais définitivement abandonner tout espoir de comprendre comment pense un anglais.
En supposant que ces gens pensent.
Bon, je l’avoue, hier soir j’ai regardé un mélo gnangnantissime avec Val Kilmer et Mira Sorvino, “Premier Regard“. Passons sur le film qui était relativement mauvais, on y trouve tout de même une réflexion intéressante. Dans ce flim, le héros meurt au début et des journalistes enquètent sur ses dernières paroles.
Ah non, je confonds.
Dans ce flim, un aveugle de naissance retrouve la vue pendant une courte période. Il voit, mais son cerveau interprète mal les informations que ses yeux lui envoient. Il doit donner un nom à chacune des formes qu’il a sous les yeux. Et pour celà, il les touche en même temps.
Je me suis souvent demandé si nos perceptions des couleurs étaient réellement les mêmes. Après tout, les daltoniens confondent le vert et le rouge qu’ils voient comme du gris. Mais si chacun percevait les couleurs d’une façon différente ? Si jamais ce que moi, je vois rouge, mon voisin le voit jaune ? Ou bleu, ou vert ? Comment décrire une couleur par des adjectifs ?
Ou comment un film tout pourri peut me faire me poser des questions pareilles.
Les journées de guerre défilent, et les GIs déchantent. Finalement, ce conflit ne sera pas la partie de plaisir promise par leur état-major. Quelle surprise. Alors comme ça les Irakiens ne se laissent pas gentiment pacifier ? Alors comme ça ils résistent quand on les bombarde ? Vraiment ces gens n’ont aucune éducation.
Tout le monde a vu les images des soldats américains prisonniers tournées par Al-Jazira. Tout le monde sauf les familles de ces soldats, puisque ces images n’ont pudiquement pas été relayées par les chaînes américaines. Bush hurle et parle de violation de la convention de Genève. Comme si ce type qui s’assoit sur l’ONU, envoie à la boucherie des jeunes soldats américains et fait bombarder des civils irakiens innocents, torture des prisonniers à Guantanamo Bay et termine tous ses discours par une allusion à Dieu ou au Christ avait déjà lu ne serait-ce qu’un paragraphe de ladite convention.
Hier, M6 diffusait justement un reportage sur Bush, à la limite de la caricature. Illettré, peu cultivé, médiocre à l’école, enfant gâté, mauvais gestionnaire, protègé par son père depuis l’enfance, incapable, stupide, alcoolique, bigot, manipulé, malhonnête, on a eu droit à la totale. J’attends avec impatience le jour où M6 diffusera un reportage sur la famille Chirac du même tonneau.
Je voudrais revenir sur les images des soldats prisonniers. Ces soldats, mis à part celui qui avait été blessé au front, n’ont finalement pas l’air en trop mauvais état. Du moins pour ce qu’on en voit. Mais l’élément qui m’a le plus marqué, c’est le regard de ces jeunes. Un regard rempli de peur, de crainte, mais aussi et surtout de stupéfaction. D’étonnement. Comme si ces valeureux GIs n’avaient pas compris ce qui était en train de leur arriver. Comme si quelque part en eux, une petite voix leur soufflait “non, ça n’est qu’un mauvais rêve, tu vas te réveiller, ne crains rien, dans quelques secondes tu seras dans ton lit et tu pourras te goinfrer de Rice Crispies au petit dej’.“. Leur regard me fait étrangement penser à celui d’un enfant qui viendrait de casser son jouet préfèré par mégarde, et qui le regarderait longuement en cherchant à comprendre comment celà a pu lui arriver.
Terminons par des félicitations aux anglais pour leur brillante action depuis le début du conflit. Après l’accident d’hélicoptère de la semaine dernière, voici l’avion de chasse qui se fait descendre par un missile Patriot américain. Merci d’être venus, messieurs, je ne sais pas ce que les US auraient fait sans vous.