When you have to shoot, shoot. Don’t talk.
La mésaventure arrivée à Tomer Sisley ne m’étonne qu’à moitié puisque des connaissances ont vécu une histoire similaire voici quelques années (une bonne dizaine en fait). Pour le récent cas, n’étant pas sur place au moment des faits, je suis bien obligé de me baser sur ce que raconte la presse et force est de constater que c’est, quelle surprise, assez flou.
L’acteur s’amuse en compagnie d’amis dans un parking avec des airsoft guns, répliques factices de flingues pouvant tirer des billes de plastique. Tout du moins, on est obligé de supposer qu’il s’agissait d’airsoft parce que l’on peut aussi lire ici et là qu’il s’agissait peut-être de paintball, ce dont je doute puisqu’un flingue de paint est moins facile à confondre avec une vraie arme. Le Figaro parle même de flashball ce qui est complètement idiot: jouer avec des flashball c’est le meilleur moyen de finir à l’hôpital, pas terrible pour une soirée entre amis, je doute que Sisley et ses potes soient aussi crétins. Allons.
Pas complètement un jouet, mais loin d’être une arme létale, un airsoft peut quand même faire des dégats quand on s’en prend par malheur une bille dans l’oeil, par exemple. Jouer avec ces trucs-là sur la voie publique est interdit pour des raisons assez évidentes, et ça n’a pas loupé: le gardien du parking, croyant à un braquage, appelle la police. Une équipe de la BAC débarque sur les lieux et là, l’un des joueurs vise un des flics. Celui-ci, pensant être en danger, réplique et fait usage de son arme de service à deux reprises. Fort heureusement le policier ne blesse personne (donc soit il a volontairement tiré à côté, soit je m’inquiète très sérieusement) et la fine équipe est interpellée et termine en garde à vue. Ils ont depuis tous été libérés sauf le type ayant mis en joue le policier, “des vérifications complémentaires [étant] nécessaires pour expliquer le geste de cet homme de 32 ans.”
Et c’est là que je commence à me poser des questions, puisque les journaux sont pour la plupart largement trop imprécis pour bien saisir toute l’affaire.
D’abord, quelles sortes de “vérifications complémentaires” sont nécessaires pour expliquer le geste d’un mec en train de jouer à un jeu de tir et qui vise une personne débarquant au milieu du terrain de jeu. Il est à fond dans sa partie, il voit une cible potentielle, il la met en joue, c’est un peu le principe. Qu’on veuille le garder au mitard histoire de faire un exemple et lui apprendre à ne pas recommencer, je veux bien, mais dire qu’on veut “expliquer son geste” me paraît aussi ridicule que vouloir expliquer pourquoi Thierry Henry contrôle les ballons de foot avec la main gauche.
Ensuite, est-il réellement avéré qu’un policier se retrouve instantanément en état de légitime défense lorsqu’il est mis en joue, ce qui l’autorise de facto à ouvrir le feu le premier ? Puisque nulle part dans la presse il n’a été précisé que le “joueur” ait tiré avant que le policier fasse usage de son arme, on est bien obligé de supposer qu’il s’est contenté de le viser.
Enfin, et puisqu’il n’en est une fois de plus fait mention absolument nulle part dans la presse, n’est-il-pas obligatoire pour un représentant de l’ordre de procéder aux sommations d’usage avant de faire feu, en particulier lorsque l’on ne lui a pas encore tiré dessus ?
Si un juriste passe dans le coin, j’aimerais bien avoir son opinion.
Commentaire de Sushi
23/12/2009 @ 17:32
Vraiment chelou effectivement, je pense également que le policier se doit de sommer son opposant avant de faire usage de son arme.
Maintenant, comme tu le dis, l’histoire est malheureusement assez floue et nous ne saurons probablement jamais…
Par contre, mettre en joue un officier de la BAC, c’est vraiment pas très malin. Le parking souterrain devait disposer d’au moins un tiers de ses éclairages allumés et même s’ils étaient une dizaine, la BAC, tu l’entends arriver non ? Je vois ici de la provocation gratuite mais je n’étais pas sur place non plus donc je vais fermer ma gueule.