Out of cyberspace

Dans la catégorie: Geekeries,Humeur — kwyxz le 13/05/11 à 3:02

Ce soir je discutais avec un ami qui me disait à quel point il était parfois effrayant de voir le nombre de choses que l’on peut trouver sur Internet rien qu’en recherchant le nom+prénom ou bien l’adresse email d’une personne.

Je lui ai répondu que personnellement, c’est l’inverse qui m’intrigue encore plus.

Les gens qui parviennent à ne donner aucun signe de leur existence sur la toile m’impressionnent, me fascinent. Je ne suis pas spécialement dans un trip de complet coming out, prêt à balancer le moindre élément de ma vie privée en pâture ni à partager l’intégralité de mes pensées avec le tout-venant. Il est assez certain que j’en donne cette impression, je blogue depuis bientôt neuf ans, j’ai fréquenté et fréquente toujours une ribambelle de réseaux sociaux, pourtant le moindre tweet public, le moindre statut sur Facebook est la plupart du temps mûrement réfléchi, afin de ne pas trop en dire. De ne pas franchir cette limite ténue entre confidence, partage et exhibition. J’espère ne pas trop mal y parvenir, même si je sais qu’il m’arrive fréquemment d’échouer.

Pourtant si l’on cherche rapidement ne serait-ce que mon pseudonyme sur Google on trouve environ 99% de résultats justes, ce qui avec une graphie pareille n’a rien de trop étonnant. Le pourcentage restant est un double maléfique, un second kwyxz auteur de poèmes que je qualifierai pudiquement de “perfectibles” (promis juré, j’ai écrit des trucs pires, mais ces poèmes ne sont pas de moi). On tombe sur des choses que j’ai écrites voici plus de dix ans, certaines dont je ne suis plus forcément fier, d’autres que je suis content d’avoir su exprimer à l’époque. J’ai la chance d’avoir un patronyme assez commun. Lorsqu’on cherche mon vrai nom, je suis beaucoup plus difficile à retrouver, grace à une véritable jungle d’homonymes, certains travaillant dans le même secteur que moi, ce qui rend la tâche encore plus ardue.

Mais nombre de mes amis d’école, collège, lycée, prépa, fac, avaient des patronymes relativement peu communs. Lorsque je tape leur nom dans Google, il arrive parfois que celui-ci ne me renvoie aucune occurence. Ils sont introuvables sur Facebook, sur Linkedin, sur Viadeo, sur Copains d’Avant… Ils n’existent virtuellement pas, ce sont des exilés du cyberespace. À l’ère du 2.0, cela représente à mes yeux un exploit, et je suis sincèrement admiratif. Se sont-ils donnés du mal pour y parvenir, ou au contraire n’ont-ils rien fait ? Ont-ils seulement conscience d’être remarquables ? Je veux dire, certains d’entre eux ont fait des études d’informatique, et au bout de plusieurs années, après avoir été diplomés, ils parviennent à ne pas laisser la moindre trace d’eux nulle part sur le réseau ?

Parfois une explication très simple, mais passablement déprimante s’impose à moi. Je fais de mon mieux pour la réprimer parce qu’elle s’accompagne systématiquement d’une petite période de chute de moral. Il est pourtant statistiquement quasi inévitable que parmi ces gens que j’ai cotoyés certains soient décédés. Combien d’amis de cour de récré, de camarades de classe, de partenaires de travaux pratiques, d’équipiers en sports collectifs, ont passé l’arme à gauche ? Leur disparition de l’Internet est elle le tragique signe d’une disparition tout court ?

Parmi les gens que parfois je recherche, ces introuvables paraissent tellement nombreux que j’aimerais ne pas y penser.

6 Commentaires

Commentaire de Luk

13/5/2011 @ 10:00

C’est marrant, j’ai un ami de lycée qui justement n’existe tout simplement pas. Aucune trace de lui qui soit postérieure à 2003 (l’année de mon bac).

Je continue à le googler tous les 3-4 mois en me grattant la tête, mais je n’ose songer au fait qu’il soit peut être décédé : j’ai appris la mort d’un camarade de promo parce que son avis de décès est apparu sur Internet :(

Je me dis qu’il a peut être piqué des thunes à un baron de la drogue et qu’il se la coule douce aux Canaries. Oui, j’aime penser que mes amis du lycée ont une vie cool.


Commentaire de sseb22

13/5/2011 @ 13:24

Je trouve aussi qu’aujourd’hui il relève de l’exploit d’être inconnu sur la toile.

Je ne le souhaite pas car grâce à internet, j’ai retrouvé des amis perdus de vue de longue date.

Seb


Commentaire de Peter

16/5/2011 @ 20:14

Bon tu le ponds ton article sur ton idole DSK oui ?

….

rhooooo


Commentaire de h

19/5/2011 @ 16:37

Globalement, il y a deux catégories d’introuvables.

Ceux qui ont un homonyme vachement plus célèbre qu’eux. Et là, va courir pour trouver quelqu’un en page 50 de google. (ou ceux qui ont un nom composé de deux prénoms, ça ne facilite pas la recherche, hein?)

Ceux qui ne laissent pas de traces (captain obvious mon ami).. Ils utilisent internet rarement et n’en vivent pas plus mal; pas de références, des études dont les résultats ne sont pas forcément publiés (genre BTS compta/gestion, non tu n’auras pas la liste des reçus sur internet). Et tu sais quoi, ils n’en vivent pas plus mal :)

Et il y a ceux qui se cachent :-) c’est pour ça que j’utilise un pseudo avec une seule lettre, essayez de le googler pour voir \o/


Commentaire de Thomas

27/5/2011 @ 17:55

Il y a aussi une catégorie de personnes qui n’a pas été évoqué, aussi bien dans le message initial que dans les quelques commentaires, à savoir les personnes comme moi : tout simplement des citoyens qui tiennent à rester très discret, aussi bien dans la vie réelle que dans la vie virtuelle.

Pourquoi ?

J’y vois deux raisons principales :

La première raison est d’ordre culturel, dans ma famille on est comme ça, discret et réservé.

La seconde raison est le fait que s’exposer sur internet, aussi bien d’un point de vue physique (photos) que psychologique (pensées), ça n’est jamais anodin et surtout jamais gratuit car il y a toujours des causes et des conséquences. Autant le dire tout de suite pour moi internet a toujours été et restera toujours une immense base de données, et rien de plus, dès lors aller sur internet a toujours signifié pour moi soit consulter cette base de données soit remplir cette base de données, soit les deux à la fois. J’ai clairement choisi la consultation, peu la contribution et si parfois je m’expose – je ne suis qu’un être humain, voyeuriste et exhibitionniste – c’est très rarement, de manière toujours réfléchie, et toujours pour apporter ma très modeste contribution à une discussion sous pseudonyme (afin de passer le temps quand je n’ai rien à faire et que je suis tombé sur un blog par hasard suite à une recherche anodine sur Google, voila pour la raison de ma présence ici).

Je précise que je différencie base de données impersonnelle (informations concernant par exemple une « procédure pour installer un disque dur ») et base de données personnelle (informations concernant des personnes physiques comme par exemple «je m’appelle…, J’habite à…, etc… » ) et s’il m’arrive de critiquer l’un ou l’autre de ces aspects, c’est uniquement dans leurs excès.

J’ai déjà taper mon nom dans Google et j’ai été satisfait de ne rien y trouver me concernant, ni photos, ni textes, ni parcours scolaire, ni parcours professionnel ; néanmoins je pense qu’il y a sûrement quelques photos qui traînent sur des sites sociaux ou communautaires et dans lesquelles j’apparais, au fond, plus ou moins caché, parce que des amis ou de la famille y a mis des clichés de soirées auxquelles j’ai participé, mais ça ne me dérange pas à partir du moment où je ne suis qu’un élément du décor…

Bref tout ça pour expliquer que pour certaines personnes, comme moi par exemple, être « introuvable » sur internet est considéré comme « normal » ou tout du moins souhaitable pour les raisons évoqué ci-dessus, et si nous sommes morts, c’est uniquement d’un point de vue virtuel et ça ne nous empêche nullement de vivre d’un point de vue réel.


Commentaire de J.

16/6/2011 @ 20:54

J’y suis pas, après un gros paquet d’année sur le net. On y arrive mais faut parfois lutter :)


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